Son surnom, Stress, c’est Nordine qui le lui a donné. C’était les années 90, dans le quartier du Panier, à Marseille, au-dessus du Vieux-Port. Il y avait aussi Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Tous venus d’ailleurs,d’Algérie, des Comores ou du Toulon des voyous. Sur la photo de classe, à l’époque, Stress était facilement repérable, avec sa peau rose. Et sa mère, Fred, issue d’une vieille famille aristocratique, était une figure du quartier. La caution culturelle. Mais aujourd’hui, les pauvres ont été expulsés du Panier, les bobos rénovent les taudis et les touristes adorent arpenter ses rues tortueuses. Ses anciens potes sont devenus chauffeur de bus, agent de sécurité, dealer ou pire. Un peu artiste, un peu loser, Stress rêve, lui, de tourner un film sur son quartier d’enfance, et de leur faire rejouer leurs propres rôles de jeunes paumés, à coups de scènes colorées et d’arrêts sur image. Les descentes à la plage ou dans les boîtes de nuit, les bagarres et les parties de foot. On retrouve dans cette fresque drôle et acide le Marseille d’hier et d’aujourd’hui, ses quartiers, ses communautés. Tout est roman et tout sonne vrai, dans ce livre à l’écriture ultra-contemporaine, mixée d’arabe.
La maison d'édition :
L’Iconoclaste s’est donné pour projet de mettre le livre au cœur de nos vies. Être Iconoclaste aujourd’hui, c’est choisir la beauté, le sens, une certaine qualité d’être, face au chaos du monde. C’est s’offrir le luxe de la perfection et de la maturation.
Rare les romans ou la ville est le centre de l'histoire, personnifiée par les mots de l’auteur, comme si les quartiers, les mobiliers, les rues étaient presque des gens. A travers la vie de “Stress”, de sa mère “Fred”, de ses meufs, c’est tout un univers qui s’ouvre, et des histoires de vie : l’ascenseur social bloqué, la débrouille du quotidien, la gentrification des quartiers, la rencontre entre bobos parisiens et marseillais de souche, les vagues d’émigrés qui façonnent la société, la culture “cool” qui se voudrait beaucoup mieux que les autres, la violence ordinaire…
Témoignage d'une incroyable force de réalisme sur l'évolution de Marseille, portée à hauteur d'hommes. Mais est ce uniquement cela qu'on attend d'un roman ?
Très bel hommage à une ville en pleine mutation depuis que les « venants » accaparent les anciens quartiers populaires, et décrite comme une femme libre avec ses propres sentiments. Ecriture colorée, très cinématographique avec zooms et travellings sur ses différents quartiers, ses hommes, ses rues, ses places, ses commerces... « Marseille me pègue aux doigts ».