Un premier roman sur la masculinité, la solitude… et les muscles
« C’est plutôt ridicule d’avoir pour modèle un homme comme mon père et professeur de français en plus, non, mon modèle c’était Schwarzenegger, c’était Conan le Barbare comme tout le monde. »
Dans un monologue cavalcadant, un homme nous raconte l’histoire de sa vie : la solitude de l’adolescence et la difficulté à aborder une fille, les relations tendues avec un père qu’il méprise et qui le méprise, une mère transparente, une ville périphérique où la seule activité est de rouler 45 minutes en voiture le dimanche pour aller chez Décathlon. En bref : l’horizon limité et indépassable d’une existence promise à un ennui incommensurable. Pourtant, un jour tout va changer pour lui. Le jour où, au cinéma, il voit pour la première fois Arnold Schwarzenegger sur un écran de cinéma. Il le sait, il le comprend, il vient de trouver un sens à sa vie : il lui faut prendre toujours plus de muscle et devenir une « machine de guerre ».
Nul doute qu’en réalisant ce projet, il deviendra un homme véritable à même de séduire toutes les femmes.
A travers le récit que fait son personnage, Victor Malzac laisse parler un homme en proie à la misère sentimentale et sexuelle — et dépeint du même coup, toutes les injonctions qui pèsent sur les garçons pour qu’ils deviennent des hommes accomplis aux yeux de la société. Drôlatique, curieusement tendre et électrisant, Créatine est le premier roman d’un poète qui sait comment muscler ses phrases comme personne.