Nous pensons tous connaître les grandes lignes de la geste de Jeanne d’Arc. Nous ignorons bien souvent qu’au début celles-ci étaient au nombre de quinze petites Jehanne, rassemblées en secret sur ordre de la grande Yolande d’Aragon afin d’être formées, dans le but de révéler une prophétesse : au programme, entraînement à la décollation de Bourguignons, techniques pour éviter le bûcher, méthode Guillemette Latubée et cours sur les Vies parallèles des Femmes Illustres. Car à l’aube du XVe siècle, l’Histoire du Royaume de France n’a plus aucun sens : Armagnacs, Bourguignons et Englishes se disputent le trône, chaque camp se considérant légitime. Celle qui se montrera la guérillère la plus forte et la plus vaillante devra libérer Orléans et sacrer Roi le Dauphin (du moins, voici le prétexte de cette quête exceptionnelle). C’est Jehanne la Douzième qui s’impose nettement. Or son profil n’a rien à voir avec ce que Yolande d’Aragon imaginait…
L’idée même d’une Jeanne D’Arc créée de toutes pièces par une duchesse en mal de pouvoir - au lieu de la sainte jeunette inspirée par Dieu que l’Histoire nous a transmis – est sidérante. Le langage mêlant ancien français et mots inventés (mais que vient faire l’anglais là-dedans ?) que l’auteur déploie tout au long du récit est très amusant. Mais… il y a un mais. Personnellement j’adore les romans à la fantaisie débridée, plutôt saugrenus et déjantés, mais là – à mon avis - l’auteur en fait trop. Le roman trop souvent plonge dans le genre horreur, avec force épanchement de sang, corps démembrés voire cannibalisme… Ce n’est plus un roman loufoque, c’est un « slasher » ! Faut aimer le genre…