Dans un style ample et tendre et des dialogues presque naïfs, Lenka HORŇÁKOVÁ-CIVADE relate dans ce premier roman l’histoire d’une lignée de femmes bâtardes en tchécoslovaquie de 1930 à 1980.Elles s’appellent Magdalena, Libuse et Eva et partagent le même destin : de mère en fille elles grandissent sans père. Mais de cette malédiction, elles vont faire une distinction. Chacune a sa façon, selon sa personnalité, ses rêves, ses lubies, son parler et l’époque qu’elle traverse. Malgré elles, leur vie est une saga : Magdalena connaîtra l’annexion nazie, Libuse les années camarades et Eva la fin de l’hégémonie soviétique. Sans cesse des imprévus surgissent, des décisions s’imposent, des inconnus s’invitent. À chaque fois, Magdalena, Libuse et Eva défient tête haute l’opinion, s’adaptent et font corps. Au fond, nous disent-elles, rien n’est irrémédiablement tragique, même les plus sombres moments. Ces héroïnes magnifiques, Lenka HORŇÁKOVÁ-CIVADE les magnifie encore par son écriture solide et douce, brodée, ourlée, chantante. Moqueuse aussi lorsque la kyrielle de personnages secondaires – paysans, apparatchiks, commères… le requiert.
Ce livre est la saga d'une famille de femmes pendant une période d'environ 60 ans à partir des années entre les deux guerres jusqu'à la chute du mur de Berlin. Les femmes donnant le titre aux trois parties qui composent le roman sont : Magdalena, Libuse et Eva dans cet ordre. Toutes sont d'abord «bâtardes », puis mères hors mariage elles-mêmes, mais il y a une quatrième femme, Marie, la fondatrice qui traverse tout le roman et relie toutes les histoires. Ces femmes vivent une période tourmentée de notre histoire récente et passent à travers les générations. On commence par l'Empire austro-hongrois de Marie qui, bien que d'origine tchèque, vivait à Vienne, on passe par sa fille Magdalena qui, retournée à son pays d'origine, connaîtra le communisme et la confiscation des terres, après sera le tour de Libuse qui verra arriver les chars russes en 1968 , jusqu'à Eva qui sera témoin de la chute du mur de Berlin comme une catharsis et une sorte de retour au point de départ. J'ai aimé la structure de ce roman et l'idée de ces femmes courageuses qui traversent les récits historiques et personnels avec la puissance de la nature féminine. Je ne suis pas en mesure de juger de la force de l’ écriture en français - que pour l'auteur n'est pas la langue maternelle - mais je crois percevoir une certaine recherche dans les phrases qui, plus encore qu'exprimer, évoquent des concepts et des sensations (le titre en est un exemple) Et cela m’a plu , ainsi qu'une certaine agréable naïveté.
Elles ne regardent pas passer les gens, elles ont bien d'autres choses à faire ces femmes prises dans la tourmente de la vie! Un magnifique roman!
La petite histoire dans la Grande. Ce roman m'a beaucoup plu et m'a permis d'apprendre sur la Tchécoslovaquie à travers cette histoire de ces 3 femmes sur 3 générations. L'auteur tire le simple du complexe. Sobre et efficace
C’est l’histoire d’une lignée de femmes ayant en commun le coup-de-foudre facile, le fait de tomber enceintes - alors, là, quelle poisse ! - le jour même de leur dépucelage et le don de la broderie. Marie, la doyenne, est revenue au pays – la Tchécoslovaquie - après que son amant juif, père de sa fille, ait précipitamment quitté Vienne avec sa famille de peur de l’avènement du nazisme. Magdalena, la fille, enceinte des œuvres du fils de son patron et qui rêve de retourner à Vienne, reste clouée au village et fera un mariage réparateur avec un homme abominable. Libuše, la petite-fille, à son tour tombée enceinte probablement (cela n’étant pas certain…) d’un soldat russe déplacé en faction au village, épousera celui à qui a fait croire d’être le vrai père de son enfant. Eva, enfin, l’arrière-petite-fille, qui porte en elle toutes les prémisses d’un destin différent et qui verra finalement le Paris tant rêvé par sa mère. En toile de fond, la Tchécoslovaquie et les changements politiques qui se sont succédés dans les années allant de l’après-guerre à la chute du Mur de Berlin. J’ai commencé ce roman avec beaucoup d’attente et d’intérêt, le sujet me paraissant assez singulier, mais je dois dire que j’ai vite déchanté. Malgré l’écriture travaillée, imagée, l’histoire n’a pas eu de prise sur moi, j’ai tout de suite trouvé que l’ensemble sonnait assez faux et forcé, et les personnages pas si attachants que cela. Sauf Marie, peut-être. À mon avis, ce livre est un bon exercice d’écriture venant d’un auteur dont le français n’est pas la langue maternelle, sans plus.
La meilleure sélection 1er roman. Comment rester soi même avec une certaine fierté quand on reçoit en héritage transgénérationnel le statut d'être fille -mère sur un fond de la montée du communisme et de la guerre? L'amour peut -il s'opposer à la réalité, à la survie ?