Adam est écrivain public. Tous les après-midi, il écrit pour les habitants de sa petite ville posée au pied des montagnes de Dracula. Des lettres anonymes, des lettres d’amour, des lettres pour ceux qui sont tout près, ou bien ceux qui sont partis en France, partis et jamais oubliés. Dans sa maison où ne vivent plus depuis longtemps sa femme et sa fille, parties et jamais revenues, Adam héberge depuis l’hiver dernier Dragos, vieux, sale, gros et vendeur de poids de son état. Et Adam a finalement peu de temps pour penser à lui-même. C’est une bonne chose. Penser à lui, c’est penser à celles qui lui manquent. Il ne veut pas. Mais alors qu’Adam écrit des lettres en poste restante, des poèmes, des testaments, alors que chacun raconte son histoire et que les mots suivent leur chemin, le moment vient où les forces sont réunies, où les choses sont prêtes à basculer. Oui, il faut parfois vingt ans pour écrire une lettre, mais il est grand temps de suivre un régime et d’apprendre à voler, il est grand temps pour Adam, et pas seulement pour lui.
Avec grâce, avec douceur et légèreté, Michelle Ballanger nous emporte dans un premier roman aussi chatoyant que le chapeau d’un magicien dont sortiraient un jeune homme qui tricote des écharpes, une femme qui a bien vécu de l’amour des hommes, une princesse qui fait la manche, et bien d’autres encore, chacun avec sa vie glissée dans celle des autres.
La maison d'édition :
Les Éditions du Rouergue sont nées en 1986 sous l’impulsion de leur fondatrice, Danielle Dastugue. Le catalogue, riche de plus de 600 titres vivants, s’adresse aux adultes et aux jeunes, depuis les tout-petits jusqu’aux grands ados. Depuis 2004, le Rouergue est un éditeur associé à Actes Sud.
Dans un village roumain, Adam, un professeur de lycée fait aussi office d’écrivain public. Les gens viennent le voir pour qu’il traduise en mots écrits ce qu’ils ressentent mais ils n’arrivent pas à exprimer. Il y a la femme qui a une dent contre la prostituée locale et souhaite lui envoyer une lettre anonyme pour la menacer, il y a le mari amoureux dont l’épouse est partie vivre à Paris et qui ne trouve pas les mots pour la convaincre à revenir à la maison, il y a le vieil homme qui fait et refait son testament au gré de ses humeurs… enfin bref, un petit échantillon d’humanité. Et Adam aussi supporte son drame personnel, puisque son épouse est partie vivre depuis longtemps en France, emportant avec elle leur petite enfant, qu’il n’a pas pu voir grandir, mais avec laquelle il échange régulièrement des lettres. Autour de lui des personnages singuliers lui tiennent lieu de famille : un vendeur de poids, une jeune tzigane, un orphelin qui ne souhaite que de partir ailleurs…et bien d’autres, tout aussi étranges. Je pense que l’auteur ait voulu évoquer dans son roman l’atmosphère onirique et surréelle des livres de García Marquez ou les films de Kusturica (pour rester dans les Balkans), mais, sur moi, cela n’a pas eu d’emprise. Et dire que j’aime beaucoup le genre ! Je n’ai pas apprécié l’écriture et le style hésitant – surréel ou classique? faut décider - et du coup je n’ai pas pu m’attacher aux personnages et à leur histoire. Ce n’est que mon avis, bien évidemment, mais j’ai regretté ce gâchis, car l’idée était bonne (même si pas originale) et elle aurait pu être développée avec plus d’entrain.
Un plaisir non négligeable de lecture ! On sourit ,on rit même ... je concède qu’il y a un moment ,vers la fin, où « ça traîne » un peu mais vraiment lisez et vous passerez un bon moment en compagnie de ces personnages .
Auteur du commentaire : Fabrizio Di Majo (Esprit Livre-Turin) Dans son délicieux Guide des égarés, Jean d’Ormesson parle de ceux qui “jouent un grand rôle dans l’histoire et laissent un nom derrière eux” (César, Napoleon etc…), et de ceux qui “disparaissent au plus vite corps et biens”. Mais, il ajoute, “tous auront connu l’alternance du matin et du soir, le chagrin, l’amitié, le désespoir, la maladie, la passion et l’amour”. Eh bien, ce beau roman choral parle précisément de ceux qui disparaissent au plus vite, mais qui ont connu l’amitié, le désespoir, et sourtout le plaisir, l’amour et, très fort, le désir de liberté. L’histoire se déroule dans une petite ville de la Roumanie vers 2005; l’auteur connaît de toute évidence très bien ce pays, le poids encore très lourd de 45 années de communisme, les difficultés économiques, la méfiance – voire la haine – envers les Tziganes, les liens culturels entre le Roumanie et la France. Et tout ce monde est raconté par l’intermédiaire de la vie d’hommes et de femmes très différents pour âge, culture, extraction sociale; mais tous sont regardés d’un regard bienveillant, empathique, qui reconnaȋt les contradictions di chaque personne et de chaque vie, et les raconte sans les juger. Des personnages un peu tchékhoviens, mais avec une énergie et un élan vital que les personnages de Tchékhov n’ont peut-être pas. Pour conclure, une première épreuve très bonne et qui promet.