Il est peintre et sa fille est comédienne. Certains esprits attendris les qualifient de doux rêveurs. Mais ce qu’ils partagent, c’est plutôt un net penchant à éviter tout contact trop brutal avec la réalité. Esquives, subterfuges et mises à distance, tout est permis pour ne pas se heurter au réel. Pour lui, l’affaire est désormais conclue puisque la réalité s’est confondue avec la fiction qu’il se raconte, assez joyeusement d’ailleurs, depuis sa maison de retraite où il croit dur comme fer que des Japonais vont lui acheter une fortune l’une de ses plus fameuses toiles. Pour elle, néanmoins, la vie est encore longue. Alors quand elle reçoit un appel de son amie Victoire, metteuse en scène, qui lui propose de travailler sur l’adaptation d’un roman de Pouchkine, elle se prend à rêver d’incarner le rôle de Tatiana. Entre deux visites à son père, elle va chercher à ce que, pour une fois, la réalité se plie à son désir. Rachel Arditi signe un premier roman malicieux et élégant sur un père et une fille occupés à réenchanter le monde.
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Fille du peintre Georges Arditi et demi-sœur de l’acteur Pierre Arditi, l’autrice livre un bon texte sur les trois questions qui la taraudent : comment affronter la maladie et la mort lente de son père placé dans un EHPAD, comment assumer son statut et rôle de comédienne et comment adapter de façon la plus originale qui soit au théâtre un roman de Pouchkine ? C’est un texte tout en sensibilité où l’humour ne cède en rien la place au tragique qui s’annonce… La forme est de plus originale (insertion d’interviewes fictives improbables…)
Très bien vu, bien écrit. On s'attache aux personnages, autant à la trajectoire de l'actrice qui vit les angoisses de la reconnaissance du milieu du théâtre dont l'autrice nous compte les travers, que de la descente du père d'un Alzheimer joyeux à la gravité de la fin.
Une certaine douceur se dégage entre le père artiste atteint de la maladie d'Alzheimer et sa fille commédienne . Deux personnages évitant tout contact brutal avec la réalité, mais drôlerie dans la description de la maladie du père "qui a tout dans sa tête ".et la fille prens conscience qu'elle veut être celle qui regarde et non celle qu'on regarde. Héroïne touchante avec beaucoup de solitude.