Madeleine et Gustave ont toujours vécu sous le même toit. À les voir, on pense à deux chouettes endormies qui se shooteraient au thé. Ou à d’étranges sages, dans une maison où il y a plus de tiroirs que de jours dans l’année pour les ouvrir.
Ce roman s’inspire librement de la vie du poète Gustave Roud (1897-1976) et de sa soeur Madeleine. Grâce à une langue contemporaine, précise et rythmée, Bruno Pellegrino réussit à nous rapprocher de ses personnages au point de nous propulser dans leur monde : une véritable expérience.
« J’écris sur des gens qui étaient capables de nommer les choses, les fleurs et les bêtes, alors que j’ai besoin d’une application sur mon téléphone qui identifie les oiseaux par leur chant, les plantes par la forme de leurs feuilles. C’est peut-être ce qui me fascine, chez ces deux-là, leur manière lente et savante d’éprouver l’épaisseur des jours. »
L'auteur nous invite à partager les dernières années du poète Suisse Gustave ROUD et de sa sœur Madeleine de 1962 à 1976. Gustave aime se perdre dans cette campagne qui l'inspire tant. Il se lance dans l'écriture de son dernier livre sous le regard protecteur de sa sœur. La vie s'écoule lentement, sereinement rythmée par les saisons. Ils vivent parmi les souvenirs, les attentes, les regrets, les cueillettes de fleurs, les récoltes de fruits, les confitures ou les tartes. Il n'y a aucune urgence à lire ce roman, pas de secret de famille, de mystère, de complot, de révélation à la fin, Mais ce roman se déguste comme une délicieuse tasse de thé au chaud derrière les fenêtres ou à l'ombre d'un tilleul.. Donc une lecture savoureuse.
Au départ, l’exercice était difficile et en persévérant à peine, j’ai ressenti une si belle indulgence que je me suis délectée de chacune des pages aux descriptions ravissantes, comme une méditation de pleine conscience. Lorsque Bruno Pellegrino nous emmène là-bas, dans ce pays des loups, où Gustave et Madeleine accomplissent leurs tâches au rythme des saisons et rêvent respectivement d’écriture et d’espace, l’auteur s’applique à enrichir notre expérience d’épisodes de leurs vies passées, comme des visualisations élevant notre niveau d’attention pour mieux savourer l’ouvrage. Au-delà d’un hommage magnifique que Bruno Pellegrino sillonne au rythme lent, riche de son vocabulaire délicat, c’est un livre que nous savourons pour le plaisir de se glisser dans un parfait moment de détente. J’ai adoré le lire en cette saison. A recommander.
Amateurs de « livre d’action », passez votre chemin ! Car la seule action de ce beau premier roman réside dans l’évocation délicate et précise du quotidien de deux êtres : le poète (et photographe) suisse Gustave Roud, et sa sœur Madeleine. Occupés à leurs travaux respectifs, ils vivent « là-bas », dans une maison de famille entourée d’un beau jardin. Les bruits du village voisin et du monde leur arrivent amortis sans qu’ils s’en désintéressent néanmoins : ils sont solitaires mais non sauvages. Le lecteur suit tour à tour le frère et la sœur, et parfois les deux ensemble, dans leur modeste existence à la richesse cachée. Pour Bruno Pellegrino : « La poésie, c’est poser des questions au monde, et espérer une réponse – et, dans l’intervalle, attendre ».
Voici un éloge de la lenteur et de la liberté, un roman sur un frère et une sœur qui vivent depuis toujours sous le même toit et qui ont conclu ensemble un pacte tacite. Madeleine fume le cigare, se passionne pour la conquête spatiale, tient le ménage de la maison et, surtout, protège son frère. Gustave, lui, s’acharne à inventorier le monde et ce qui va disparaître, en marchant, photographiant, écrivant. C’est que la paysannerie se transforme, ses rituels et ses objets aussi, et, avec eux, la nature. Bruno Pellegrino saisit avec talent ce couple frère-sœur et le cocon qu’ils ont tissé au creux de leur environnement, entre autarcie et symbiose. Le rythme qu’il insuffle à ses phrases nous projette dans un monde bruissant de couleurs et de sensations, l’univers rural des années 1960, si proche car revisité avec les mots du XXIe siècle . Ce premier roman s'inspire librement de la vie du poète Gustave Roud et de sa sœur Madeleine.