Lazare, le narrateur ne sait ni lire ni écrire. D’emblée il nous l’annonce : « quand je dis écrire, ce n’est pas tout à fait moi. Moi je ne sais ni lire nie écrire. C’est Simone qui le fait ». C’est Simone, la femme de Lazare qui va écrire, dans un cahier, sous la dictée hachée du narrateur et nous raconter comment s’érige la grande colère des simples. Les simples, ce sont eux, d’abord. Mais aussi les autres habitants de la région qui vont prendre le maquis, enfin ce n’est pas ainsi qu’ils le disent, ces gens simples. Ils vont se réunir et traverser les pâturages jusqu’à l’orée du bois pour affronter les forces de l’ordre que l’on a envoyées pour les en faire déguerpir. Surgissent alors entre ces lignes arides comme des sillons que la charrue vient de retourner, ces images que nous avons tous vues, des ZAD, les « zones à défendre » ces lieux sauvages que l’on destine à devenir des dépotoirs du nucléaire ou des aéroports
Notre narrateur nous dit comment il est entraîné dans cette révolte, parce qu’il faut bien et puis que si on laisse faire, la maison n’aura plus de valeur quand il mourra et que Simone restera seule dans la maison. Et Simone ne peut pas vivre seule. Et la maison ne vaudra plus rien si le sol est empoisonné par le nucléaire. Et puis c’est lui Lazare que l’on charge de la sale besogne, contre paiement.
À mi roman, la voix change. Dans le cahier, Simone écrit « à la place de son homme », ce qu’elle comprend de ce qu’il fait à un otage, enfermé dans une cave. Et on change de point de vue. On remonte à l’enfance. À l’âge de l’école communale. À la cruauté qui frappe les enfants différents.
Lazare, ce gamin en retard de trois ans à l’école ; et puis cette route qui longe l’école rurale et happe régulièrement des écoliers en déroute ; et puis cette petite fille que Lazare va sauver lorsqu’elle tombe sur la chaussée et dont il va se faire, enfin, son amie, sa protégée, lui qui sait prononcer son nom Stulichna Slobodanca…et dont Victor aimerait aussi se faire une amie.
Le lecteur découvrira, en fin de roman, qui sont ceux-là.
La maison d'édition :
Le éditions sans escale ont été créées en 2017 dans la perspective de publier de la littérature contemporaine. C’est une association constituée par quatre personnes. Ces quatre personnes sont des passionnés de littérature. Elles sont bénévoles. Nous sommes présents en librairie depuis 2019 par le biais de notre distributeur/diffuseur Daudin.…
J'ai beaucoup aimé ce petit livre, ce couple qui vit en forêt. C'est très drôle et un peu triste, avec un bel univers. L'écriture déploie un très bel imaginaire avec une vraie histoire (et c'est remarquable en si peu de pages). Ça m'a fait réfléchir sur un tas de truc, y compris l'origine de la violence. Cette impuissance liée à ce point de vue de gens simples. Une vraie chouette découverte.
Livre plutôt court mais poignant ,il nous donne de quoi réfléchir. J'ai apprécier ce petit livre qui est rapide et plutôt chouette à lire, je recommande pour toute personne qui aurait un peu de temps à perdre !