La langue maudite (2020)

Belem Madi

Adam a fait une promesse à son père, écrivain dans un pays où on ne lit plus. Fasciné, il l’observe et le décrit. Il le regarde boire, fumer, souffrir sans jamais, malgré ce naufrage, cesser d’écrire. Mais Adam a aussi sa vie de jeune Marocain. Il est à la recherche de l’amour, de passions, de femmes… Il se perd dans la nuit avec son ami Rali. Zakia,
prostituée, est l’initiatrice, la découverte. Elle danse, chante… C’est le corps de la femme libre dans toute sa vérité crue et poétique.
Adam tente sa chance à Paris. Il veut mener une vie d’artiste, être dans la continuité du père, mais dans un autre monde, un monde où la littérature n’est pas encore morte. Il erre, flâne, vagabonde, sans but si ce n’est la quête de soi, jusqu’à oublier sa promesse. Solitude, déshumanisation, attentats islamistes sont racontés dans une oralité, un style organique. La langue est prise dans sa chair, elle surprend, elle ruisselle et elle danse en épousant les convulsions de l’époque avec un rare talent.

A propos de l'auteur :

Belem Madi :

Madi Belem est né au Maroc en 1990, à Rabat. Son père, Driss Belemlih, était un fameux professeur de
linguistique arabe, spécialiste de la poésie préislamique, romancier et éditeur. C’est lui qui lui a donné le goût
de l’art, du cinéma et de l’écriture. Après avoir suivi le cours Florent, Madi Belem tourne dans un premier film,
Le Convoi de Frédéric Schoendoerffer, et dans la série Baron noir, sur Canal+. En 2018, il obtient le premier
prix d’interprétation masculine au festival du cinéma d’Agadir. La Langue maudite est son premier roman.

 

Photo : DR

La maison d'édition :

Plon :

Depuis leur création en 1845, les éditions Plon sont un acteur majeur de l'édition française. Eclairer les lecteurs sur les mutations de notre société, procurer les clés pour mieux décrypter l'actualité, donner la parole aux littératures françaises et étrangères, faire partager nos passions avec les « dictionnaires amoureux », aller…

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2 avis
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  • ARKoriche
    24 novembre 2020

    C'est l'histoire d'Adam, adolescent au début de l'histoire, qui vit en famille à Rabat. Son père est un écrivain en mal de reconnaissance de lecteurs et sa mère, Hayat, fait, elle, figure de femme moderne. Un ensemble de choses. la tension palpable entre ses parents, la litanie de son père envers cette société marocaine qui ne donne pas voix aux auteurs, la langue arabe qui ni ne se lit, ni ne se traduit, etc. Vont pousser le jeune adulte à tourner le dos à son pays et à partir tenter sa chance à Paris. Madi Belem dépeint les portraits de deux sociétés, de deux lieux de vie bien différents que tout oppose. le lecteur ressent, via l'écriture à la première personne, les espoirs et les illusions (parfois déçues) que le prisme de la Ville des Lumières fait miroiter sur Adam. J'ai particulièrement apprécié la capacité de Madi Belem à décrire la solitude de ce jeune homme qui débarque dans cette ville étrangère, l'isolement social créé par une capitale telle que Paris alors qu'elle regorge de tant d'habitants. J'ai trouvé cette plume très sensible, très réaliste – à se demander si Madi Belem ne nous relate pas, dans ce premier roman, sa vie et le lien d'amour profond ainsi que l'admiration qui le lient à son père. Personnellement, par contre, j'ai trouvé la fin du roman très lente et en décalage avec le reste de l'histoire. Si cela n'avait tenu qu'à moi, je me serais arrêtée en page 157… en gardant, ensuite, uniquement le dernier chapitre. Il y a aussi quelque longueurs qui rendent certains passages du livres poussifs. Malgré cela il n'en reste pas moins que c'est une belle découverte. Je le recommande fortement j'ai bien aimé l'histoire !?

  • Simone
    14 décembre 2020

    De belles évocations et réflexions sur les sociétés marocaine et française, les jeunes dans le monde du numérique, l'attachement à l'enfance, au père érigé en héros. Une jolie histoire d'amitié entre une vieille dame et un jeune homme, tous deux isolés et en recherche d'affection. Une tirade extraordinaire sur les terroristes. De l'humour, un style incisif, agréable à lire. Très intéressant.

  • Anne-Marie
    14 décembre 2020

    J'aime mieux les derniers chapitres que la première moitié du livre. Et j'ai compris pourquoi à l'issue de la lecture.. Adam décrit le chaos culturel dans lequel sont plongés son pays, son père, les relations conjugales de ses parents, lui même qui peine dans sa solitude. Cela procure au roman une ambiance bizarre, dérangeante. Le style littéraire est encore inégal, mêlant transcription du langage parlé, parfois cru, à des envolées lyriques. On erre dans une trame narrative légèrement caoutchouteuse. La mort du père autorise l'auteur à devenir plus consistant sur sa vie et conjointement sur son écriture aux formules percutantes, incisives. L'auteur tisse ainsi les liens entre sa propre histoire et la grande histoire actuelle. Il devient alors littérateur comme il l'avait promis initialement. Ce roman est une chronique contemporaine permettant une meilleure compréhension des nombreuses victimes du terrorisme. Le titre « Langue maudite » reste ambigu : c'est sans doute cette ambiguïté qui fait la force de ce premier roman.

  • Michèle
    14 décembre 2020

    Un roman hommage à l’’écriture et aux écrivains, inspiré de la vie de l’auteur qui sait attacher le lecteur par son style aux multiples teintes mêlées de violence, de révolte, de tristesse, d’amour, d’espoir, d’amitié ; un ton souvent incisif ou plein d’humour ; Un des points forts de ce roman réside dans la subtilité portée dans la progression du style d’écriture qui au fil des pages s’affirme, se précise, prend de la maturité parallèlement à l’expérience de vie d’Adam qui s’enracine au gré des années qui passent.

  • christian legrand
    29 janvier 2021

    Adam est admiratif de son père, professeur de linguistique arabe et écrivain talentueux mais non reconnu. Car au Maroc, on ne lit pas. Le père, désabusé, s’alcoolise et a des comportements suicidaires. A 16 ans, Adam lui demande pourquoi il ne traduit pas ses livres : « l’arabe, on ne le traduit pas, fils. C’est la langue maudite du siècle...On nous bâillonne, on nous essouffle. On muselle nos livres ; Il n’y a pas un seul romancier marocain traduit. »(p.37) Alors Adam lui promet d’aller en France après le bac, de maîtriser la langue et d’écrire un roman dont lui, le père serait le héros. Il mettra dix pour réaliser ce projet. Ce roman autobiographique remplis d’émotion, d’humour et de bienveillance se partage entre l’enfance au Maroc avec une mésentente dans le couple parental et le vécu d’un « immigré » en France. Le regard d’un jeune étranger donne des pages « drôles » sur le métro, l’addiction au smartphone, la liberté sexuelle, les manifs (sport national)… La maîtrise du français n’est pas totale « même s’il n’a plus besoin de réfléchir pour choisir son auxiliaire »(cf. p.52) ; mais cela est largement compensé par un grand souffle de vitalité et une belle fluidité de l’écriture. (Note : 4,25)