DUQUESNE Martine :
« Il se trouve que l’Algérie, c’est la France, parce qu’il se trouve que les départements de l’Algérie sont des départements de la République française. Des Flandres jusqu’au Congo, s’il y a quelque différence dans l’application de nos lois, partout la loi s’impose et cette loi est la loi française. » Cet extrait du discours parlementaire de François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur, est sa réponse à la révolte sanglante du FLN (Front de libération nationale), le vendredi 12 novembre 1954. Date de naissance en Algérie, à Tlemcen, de Martine Duquesne. Fin du discours : « En trois jours tout a été mis en place. On a dit : Est-ce pour maintenir l’ordre ? Non pas seulement. Mais pour affirmer la force française et marquer notre volonté. Il ne s’agissait pas seulement de réprimer, de passer à la contre-offensive de caractère militaire afin de reconquérir un territoire qui n’était point perdu ! Il s’agissait d’affirmer, à l’intention des populations qui pouvaient s’inquiéter, qu’à tout moment, à chaque instant, elles seraient défendues. »
Pour Martine Duquesne, digérer cette géographie à feu et à sang inscrite dans l’histoire familiale et pleine de contradictions incompréhensibles, a pu se faire grâce à la littérature et à l’écriture. L’impact de ce vécu sur ses parents et particulièrement sur le destin de son père a produit de grandes failles qu’elle a cherché, dès son plus jeune âge, à colmater, transférer, sublimer en dévorant des contes pour enfants. À commencer par l’effrayant Barbe Bleue, puis ceux d’Andersen et de Perrault. Le personnage d’Alice convoqué dans ce premier roman La solitude des enfants sages confirme toute l’importance de ces contes, où l’imaginaire permet d’échapper à la violence des adultes. Ses lectures de l’adolescence confirment cette fuite salvatrice dans les livres. La géographie martiale de sa naissance et de son enfance s’estompe avec Autant en emporte le vent et les classiques comme Alexandre Dumas, Le Comte de Monte Cristo, les romans de A.J. Cronin et de Pearl Buck, glanés dans la bibliothèque de son grand-père et plus tard William Faulkner, David Lodge et J. D. Salinger.
Est-ce dans les livres que naissent aussi l’appétence d’une autre langue et le goût des voyages ? Ses lectures des auteurs anglo-saxons lui ouvrent son univers professionnel – elle va enseigner l’anglais – et révèlent une passion pour le Grand Ouest américain dont elle admire les paysages infinis et chargés d’une histoire douloureuse, celle des Indiens d’Amérique, tout en préférant la vie et la vibration citadine, par amour de l’art, de la culture et de la musique – rock, pop, blues et jazz.
La détermination de la jeune héroïne de son roman laisse imaginer la sienne. Elle entre à la faculté d’Anglais, passe licence, maîtrise, CAPES et agrégation avec succès. Elle enseigne depuis 1976.
Outre les livres, les voyages sont pour elle autant de villégiatures. Un ailleurs le plus éloigné possible des guerres d’antan (Algérie et famille). Une autre géographie lui sourit : Londres, New York, Chicago, San Francisco, l’Ouest américain, puis en Extrême-Orient, Hong Kong, la Thaïlande, le Vietnam, le Japon. Et pour élargir ses champs de liberté : le Canada, l’Espagne, Madagascar et l’Italie tracent une belle trajectoire océanique et méditerranéenne du nord au sud.
C’est en ville qu’elle habite au quotidien. À Lyon. Face au fleuve. Autre symbole d’émancipation d’une anticonformiste, maman de cinq enfants, un garçon et quatre filles dont des jumelles, auxquels il aura fallu transmettre l’importance de la paix des peuples. Si possible sans amertume, arrimée à d’autres belles plumes aimées : Marguerite Duras, Michel Houellebecq, Simone de Beauvoir, Gustave Flaubert et… André Gide. Encore et pour toujours, son Algérie natale en toutes lettres, et avec ses mots sans parti, dans La solitude des enfants sages.
Exellent livre..le roman du vécu...
Une très jolie histoire Un viei homme disparait pendant que sa fille le cherche elle se souvient de son enfance en Algérie pendant la guerre.. J'ai beaucoup aimé. Bien. écrit. On s'attache aux personnages. On prend parti, on s'agace. Le passage entre le passé et le présent est plutôt réussi sous couvert de suspens. Belle découverte.
Superbe . Une vision à hauteur d'enfant de ce que fut l'indépendance de l'Algerie.
Un excellent et très beau livre où l'histoire rejoint l'Histoire avec un grand H et dans lequel, je pense, beaucoup de personnes ayant vécu cette période peuvent un peu se reconnaître.
Beaucoup d'émotion et un beau voyage à la lecture de ce livre. Portrait d'un pays, l'Algérie , histoire d'une femme, Angelique dont j'ai apprécié le regard sur son enfance et son angoisse adulte à la recherche de son père. La double temporalité avec 12/13 pages en Algérie dans les années 60 et 3/4 pages aujourd'hui m'a plongé dans un rythme qui renvoie au pourquoi ds l'enfance. Cette lecture m'a semblé personnelle. L'écriture est fluide, douce, poétique, des références littéraires, musicales. J'ai beaucoup aimé ce premier roman.
je suis d'accord avec tous les commentaires. bien aimée ce roman et touchée par le regard d'angelique sur ce passé en algérie.