À l’origine de ce roman, il y a une photo : le visage en gros plan d’un très jeune
athlète, les yeux dans le vague et les mains devant la bouche, concentré, ailleurs.
Fanny Wallendorf est tombée sur cette image par hasard, et elle a été touchée par
l’expression intense de ce regard. L’athlète sur la photo, c’est Dick Fosbury, juste
avant le saut qui le sacrera champion olympique de saut en hauteur à Mexico en
1968. Et ce titre, le jeune homme l’obtiendra grâce un saut étrange, sur le dos, un
saut qu’il a inventé et qui désormais portera son nom. L’histoire de sa discipline en
sera radicalement changée.
Ça, c’est pour l’Histoire, la vraie, car en fait, l’identité du garçon sur la photo n’a aucune importance pour Fanny
Wallendorf. D’ailleurs le sport ne l’intéresse pas vraiment. Sa fascination pour le garçon sur la photo se place sur
un autre plan : « J’ai voulu écrire la naissance et le déploiement d’une vocation, cet appel intime qui donne forme
à un parcours et à une oeuvre, qu’elle soit artistique ou sportive – le sport, comme la création, nécessite
d’atteindre des états singuliers, et promet aventures, batailles et enchantements. »
C’est donc tout à fait volontairement qu’elle ne s’est pas référée aux biographies du champion. Elle n’a pas écrit
un roman biographique sur Fosbury, mais un roman tout court sur le gamin de la photo, qu’elle appelle Richard,
en ne gardant de son «modèle » que les records, les grands rendez-vous sportifs et bien sûr le fait qu’il invente
ce saut dorsal incroyable.
L'histoire de Richard, un gamin de Portland, dont la vie est inspirée des exploits sportifs de Dick Fosbury n'a pas suscité ma curiosité d'aller jusqu'au bout de ce roman, intéressant sur la plan documentaire, mais trop "sportif" pour moi!