« La brutalité est une tendresse trop longtemps contenue. Je me retourne et je marche sur elle. La serviette dénouée coule de ma taille sur le sol. Mon sexe tendu au bord de ses lèvres assises. Elle ne sait pas à quoi il ressemble au repos. Je lui appuie sur la tête. Il ne vient jamais à l’idée des hommes que les femmes pourraient mordre. Les yeux d’Elsa roulent vers la cuisine. Elle gémit pour prévenir. Sur la poignée, la main de Zacharie se ravise. »
Elsa aime Zacharie et Andreï. Le chaste et torturé Zacharie, le rude et sentimental Andreï. Ils ont vingt-cinq ans et font ménage à trois. Ils voudraient vivre d’amour, d’art et de justice. Ils resteraient vivants. Un drame – ou est-ce l’époque ? – vient mettre fin à leurs illusions, celles d’enfants terribles d’aujourd’hui.
Je n’ai ressenti aucune attraction pour un seul des personnages avec la sensation que l’écriture me les tenait à distance ou qu’il me manquait un petit quelque chose à chaque fois pour que chacun d’entre eux puissent exister dans mon imaginaire et s’y mettre en mouvement. Je n’ai pas su recevoir ces faits bruts.
Un suicide annoncé. Dès le début, dès les premières pages. Un groupe de cinq amis qui refusent de grandir et qui échouent pitoyablement devant les difficultés de la vie, dont un singulier ménage à trois, truffé de zones obscures et de non-dits. Chaque personnage, à tour de rôle, raconte son histoire, ou plutôt ses sentiments face à son vécu et à son rapport à l’autre. Entre tous, Zacharie est le plus fragile, mais aussi le plus lucide sur ce qui l’attend. Hormis Elsa, que j’ai trouvé agaçante dans ses postures ambiguës, tous les personnages de ce roman subtil m’ont touchée, concentrés comme ils sont – plus au moins consciemment - à se faire du mal. Un bon roman, émouvant et réussi, soutenu par un langage travaillé et efficace. Par contre, totalement raté, à mon avis, le choix de l’éditeur pour la quatrième de couverture, car elle ne relate qu’un épisode négligeable, et ne reflète en rien la vraie substance du livre.
Dans ce roman, Nanoucha Van Moerkerkenland a su nous parler de l’âme slave, de l’amour sublimé, d’une amitié forte avec toutes les blessures qui s’y attachent, Ce roman est d’une force et d’une intensité véritables, la description des sentiments, des émotions, des excès est intelligente et pleine de délicatesse. Au début, j’ai été tentée d’arrêter ma lecture, j’ai eu raison de continuer.. J’ai apprécié ce premier roman.