Le grand marin (2016)

Poulain Catherine

Une femme rêvait de partir. De prendre le large. Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le sol, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures… C’est la découverte d’une existence âpre et rude, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang. Et puis, il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade. Traîne dans les bars. En attendant de rembarquer. C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin.

A propos de l'auteur :

Poulain Catherine :

Catherine Poulain commence à voyager très jeune. Elle a été, au gré de ses voyages, employée dans une conserverie de poissons en Islande et sur les chantiers navals aux U.S.A., travailleuse agricole au Canada, barmaid à Hong-Kong, et a pêché pendant dix ans en Alaska. Elle vit aujourd’hui entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc, où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole.

Crédit photo : Geoffroy Mathieu

La maison d'édition :

L'Olivier :

Les Éditions de l'Olivier sont une maison d'édition créée par Olivier Cohen en 1991 après que les dirigeants du Seuil lui propose de devenir leur associé pour créer une nouvelle maison d'édition. Catalogue cosmopolite qui regroupe aussi bien la littérature française qu'étrangère, Olivier Cohen recherche le dépaysement qui, selon, « fait…

5|5
6 avis
8 Commentaires
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

  • Laurent Benoist
    8 novembre 2016

    Un grand bol d'air (pas forcément frais puisque cela sent aussi le poisson et la marée), une écriture toute en finesse. Je ne sais pas s'il y a du Melville (comme je l'ai lu ailleurs) chez Poulain, mais cela donne envie de (re) lire Moby Dick. Un des meilleurs titres de la préselection de cette année, en ce qui me concerne.

  • Paola - Groupe Esprit Livre - Turin
    4 décembre 2016

    Une jeune fille quitte son Midi natal pour s’en aller pêcher en Alaska. Elle n’a jamais pêché de sa vie, mais elle arrive quand même à s’embarquer sur un palangrier qui pêche la morue. La suite est une longue description des journées de travail, pénibles et sans horaire. La vie du marin est très difficile, solitaire mais aussi solidaire. Il faut faire confiance au copain qui te côtoie et l’entraide est indispensable sur ces bateaux au large des océans, qui sont en eux-mêmes un concentré de vie sociale. C’est justement sur ce bateau qu’elle va faire la connaissance de Jude, un marin très expérimenté qui suscite son admiration et même plus que cela… Cette histoire, probablement autobiographique, ou tout de même inspirée de l’expérience de pêcheur de l’écrivain, aurait pu être concentrée dans 100 pages maximum, au lieu des 368 que compte le livre. En plus, les marins - du moins ceux de l’Alaska…- n’en sortent pas très luisants de ce livre : en les décrivant comme des soulards habituels, parfois drogués, n’ayant rien d’autre à faire que de traîner de bar en bar chaque fois qu’ils sont à quai, je ne pense pas que l’auteur leur ait rendu un grand service… Reste, évidemment, la solidarité et parfois l’amitié qui lie ces travailleurs si différents des autres, qui se reconnaissent mutuellement et s’entraident sans rien demander. Pour finir, je pense que ce livre pourra plaire surtout aux amateurs du genre et à ceux qui s’y connaissent en pêche et bateaux. Moi, très terrienne, j’avoue n’avoir pas trop aimé ce roman. Et pour tout dire, au fil des pages j’avais presque envie de me renifler car j’avais l’impression de sentir le poisson, après tant de dégoulinage d’entrailles, de sang et autres fluides …

  • cch
    7 décembre 2016

    Servi par une écriture "à bout de souffle", ce roman se lit d'une traite et même si la deuxième partie nous entraîne moins loin dans l'aventure, il sera difficile après avoir fermé le livre de quitter cette jeune femme atypique vivant continuellement au bord du précipice sans égards pour son corps comme si seule la violence à laquelle elle le soumet pouvait lui donner le sentiment d'exister. Catherine Poulain nous fait cadeau dans ce premier roman d'une partie de sa vie et, tant est épique la force de son écriture, qu'elle pourrait nous raconter encore et encore les tempêtes, les poissons qu'on éventre au bout de ses forces, les saoûleries dans les bars, les quarts sans fin et l'immensité du décor, sans qu'on s'en lasse

  • D.ma
    27 décembre 2016

    Un roman d'exception ! Un voyage... ou comment aller au bout des désirs !

  • Colette
    21 janvier 2017

    Une histoire forte, dépaysante, servie par un style éblouissant. Un livre qu’on ne peut lâcher.

  • Louise
    31 janvier 2017

    Une sensation de roman autobiographique plus que de roman pur. ... Une fois commencé, difficile de le lâcher, poussé de connaître les limites physiques et morales que s'est imposées la jeune femme du roman. Belle expérience que celle de la suivre sur les mers et les bateaux de pêche !

  • BA
    9 février 2017

    Comment devenir une femme pécheur en Alaska, se mesurer aux hommes au delà de ses capacités et garder peut être une place pour aimer ? pas besoin d'être marin pour se laisser embarquer vers cette destinée !

  • tlivres
    4 mars 2017

    Après l'internement en hôpital psychiatrique, évadons-nous. Embarquons pour de nouveaux horizons, pas à bord d'un bateau de croisière en touriste, non, en professionnel sur un bateau de pêche. Bienvenue à bord sur "Le Rebel" ! Son nom, c'est déjà toute une histoire ! Ne nous arrêtons pas là. Naviguons jusqu'en Alaska pour une campagne de pêche à la morue noire. Quitte à partir, autant que ça soit pour les conditions de l'extrême. Là-bas, le climat y est hostile, il va falloir se battre contre les éléments en furie. Mais il n'y a pas que le climat, il y a les hommes aussi, et puis les conditions de travail. Il va falloir cohabiter dans des espaces exigus, dormir dans des cabines envahies par l'odeur du poisson, s'exposer aux risques de la mer, manger à des horaires irréguliers, non pas quand la faim vous tenaille mais quand le travail est terminé, dormir aussi seulement quand les filets sont relevés et que le poisson sombre dans la glace... Alors, quand on est une femme comme Lily et d'un poids plume, ce voyage revêt une dimension toute particulière. Ce roman, c'est un roman d'apprentissage. Quand on pense roman d'apprentissage, on pense souvent aux adolescents, aux jeunes adultes, à celles et ceux qui commencent leur vie et apprivoisent l'autonomie. Mais en réalité, on peut apprendre toute sa vie. Et pour s'en convaincre, il suffit de suivre le chemin tracé par cette femme au parcours atypique et qui, un jour, décide d'embarquer pour le bout du monde. Elle ne connaît rien à ce métier, n'a aucune qualification, aucune compétence à valoriser, seulement sa motivation, son mental, n'est-ce pas l'essentiel ? Grâce à sa pugnacité, et malgré son petit gabarit, fluet, elle va prendre le large et vivre les conditions d'une campagne de pêche. Elle a bien échangé avant de se lancer dans cette aventure. Elle les a bien écoutés ces hommes de la mer qui connaissent le travail. Ils ne lui ont rien caché... "Embarquer, c'est comme épouser le bateau le temps que tu vas bosser pour lui. T'as plus de vie, t'as plus rien à toi. Tu dois obéissance au skipper." P. 37 Mais pour Lily, il n'y a déjà plus de débat. Dans sa tête, elle est déjà partie. Pourquoi fait elle ça Lily ? Elle va s'en poser des questions, y compris, voire surtout, dans les moments les plus difficiles de l'aventure. Et même si elle n'est sûre de rien, elle va tenter de trouver un sens à cette quête : "Peut-être aussi que je voulais aller me battre pour quelque chose de puissant et beau, je continue en suivant des yeux l'oiseau. Risquer de perdre la vie mais au moins la trouver avant... Et puis je rêvais d'aller au bout du monde, trouver sa limite, là où ça s'arrête." P. 163 Lily fait partie de ces femmes que rien n'arrête. Alors, l'égalité hommes/femmes, vous pensez bien qu'elle n'en a rien à faire. Pour autant, elle est bien obligée de constater qu'elle est seule sur "Le Rebel", et qu'elle seule aussi dans les ports quand les marins fréquentent les quais et les bars, le temps de la livraison du poisson. Les hommes, eux, par contre, ont un avis sur le sujet. Ils ne sont pas tous contents de voir une femme embarquer sur leur navire. L'un d'entre eux lâche le morceau et lui laisse à voir une réalité : "Les hommes qui les veulent pas à bord - pas les petits mecs comme Simon qui ne font que répéter sans savoir mais les vrais hommes -, c'est peut-être parce qu'ils ont peur qu'on leur prenne leur bateau, s'elles se l'approprient, qu'elles veuillent tout révolutionner, foutre de l'ordre - le leur - flanquer leur merde. - Leur merde ? - Ben oui, ces histoires de pouvoir toujours, leurs colères, leurs rancoeurs, leurs comptes à régler avec la race des mecs, toutes ces conneries qu'ont pas leur place à bord." P. 132 C'est le regard d'un homme, mais quand Lily découvre une femme, au même physique qu'elle, elle s'interroge sur ce qu'elle fait, le rôle qu'elle joue à bord du navire et là, il y a un mentor, quelqu'un qui a déjà fait sa place dans cet univers masculin et qui a tenu dans la durée. Elle lui livre son regard sur le métier de marin et quelques conseils pour l'avenir : "Tu dois bien le savoir, l'important c'est pas la grosseur des muscles. L'important c'est de tenir bon, regarder, observer, de se souvenir, d'avoir des de la jugeote. Ne jamais lâcher. Jamais te laisser démonter par les coups de gueule des hommes. Tu peux tout faire. L'oublie pas. N'abandonne jamais." P. 93 Bien sûr, il y a des moments difficiles à bord. Lily va devoir surmonter les effets d'une vilaine blessure pour survivre. Mais il y a aussi la beauté de la nature, des moments fugaces faits d'enchantement. "Dans les yeux des hommes, ce même émerveillement toujours quand ils croisent la reine des mers. [...] Plus tard, ce sera une loutre de mer qui fait la planche, entre ses pattes avant un poisson qu'elle mange d'un air cocasse." P. 127 Et ensuite, il ne s'agit plus qu'un besoin irrépressible de reprendre le large... "On franchit l'étroit goulet du port, on passe les premières bouées. Il fait si beau dans tous ces cris. Le soleil était presque tiède au port, la brise, sitôt quitté l'abri de la jetée, nous donne la chair de poule, hérissant nos bras nus, rabat nos cheveux dans les yeux, m'enivre, avec ses odeurs d'algues, ses parfums âpres et puissants comme des appels vers le grand large." P. 160 Ce roman, c'est aussi un récit de vie. L'écrivaine, Catherine POULAIN, a réellement embarqué pour l'Alaska, ce territoire magique, à la fois fascinant et à la fois angoissant : "C'est comme l'Alaska je dis encore. On oscille sans cesse entre la lumière et l'obscurité. Toujours les deux courent et se poursuivent, toujours l'une veut gagner sur l'autre, et l'on bascule du soleil de minuit à la grande nuit d'hiver." P. 333 Elle est partie à sa conquête et en est revenue avec une formidable philosophie de vie : "Résister, aller au-delà, surpasser. Tout. [...] Résister. Lutter pour notre vie dans des éléments qui nous dépasseront toujours, qui seront toujours les plus forts. Le challenge, aller au bout, mourir ou survivre." P. 333 Entre fiction et réalité, mon coeur balance ! Mais dans tous les cas, Catherine POULAIN m'apparaît comme un sacré personnage !