Une légende médiévale raconte qu’un guerrier à la stature de géant et à la crinière de feu viendra un jour libérer le peuple juif de son oppression millénaire. En yiddish, on le nomme der royte yidn. 1916.
Dans les monts enneigés des Carpates, Aaron Tamerlan Munteanu garde la frontière du royaume de Roumanie. Son casque vissé sur ses cheveux roux, ses deux mètres vingt recroquevillés dans une tranchée putride, il attend l’envahisseur, résigné à mourir pour une guerre absurde. Sans la malédiction d’un dybbouk, jamais il ne serait devenu un Juif rouge, condamné à endurer le destin des siens et à témoigner. Pour l’éternité. Dans ce XXe siècle dévoré par l’antisémitisme, le Juif rouge sillonne la Mitteleuropa en quête de rencontres, de réponses, et dans l’espoir insensé d’enrayer la folie des hommes. De Bucarest à Odessa, de Vienne à Berlin, de Liepaja à Auschwitz et Treblinka, l’errance de Munteanu le conduira jusqu’en Terre promise. Mais existe-t-il pour lui, comme pour ceux qu’il voudrait sauver, un refuge à l’ombre de l’histoire ?
Avec ce premier roman nourri par la littérature d’Europe de l’Est, Stéphane Giusti donne une nouvelle force au genre picaresque. Épique, puissant, halluciné, poétique, son texte interroge autant qu’il affirme.
La maison d'édition :
Les Éditions Seghers ont été fondées sous l’Occupation, par le poète résistant Pierre Seghers, puis rachetées en 1969 par Robert Laffont. Avec le format carré de ses collections emblématiques « Poètes d’aujourd’hui » et « Poésie et chansons », Seghers a marqué son temps et offert aux lecteurs une bibliothèque…
À ne pas rater!
Une longue parabole sur l’histoire « à l’est » de l’antisémitisme . On suit le narrateur Aaron Tamerlan Montaneou, ne le 28 mai 1884à Galati en Roumanie jusqu’a ses 140 ans à Tel Aviv . Aaron tel un Candide suivi par Cacambo ou tel un Quichotte accompagné de Sancho échappera aux massacres perpétués pendant ces 140 ans tout en y étant présent . Impossible d’en raconter davantage tant ce roman est dense et riche .L’écriture est fluide, un humour certain et nécessaire avec une ironie bienfaisante. N'hésitez à voyager aux côtés d’Aaron c’est un des romans de la rentrée .
Langue belle et texte d'une effrayante actualité. Envoûtant, intelligent, très bien documenté. Un très bon roman sur la condition juive en Europe
D’après une légende, un géant roux devrait libérer le peuple juif de sa destinée d’éternelle victime. Cette sort atterrit sur les épaules de Aaron Tamerlan Munteanu, 2 mètres vingt de judéité et cheveux en flamme, journaliste de son état, mais prêté à la Grande Guerre pour protéger les frontières de sa Roumanie natale. Mais, hélas, il tue un camarade et un dybbouk, par punition, le transforme en ce Juif Rouge éternellement voué à la protection des Juifs à travers le monde. Nous voici donc partis avec Aaron partout où les Juifs sont en péril, partout où l’antisémitisme sévit, jusqu’aux champs d’extermination, avant même qu’ils soient érigés. Il s’en passent des choses terribles, avant que notre ami ne puisse se retirer en Israël et y vivre le reste de sa longue vie. Un très étrange roman, original, dense et percutant. Et, il me semble, de stricte actualité, maintenant que l’antisémitisme relève la tête un peu partout…
Un très grand livre. Dans une écriture précise, ciselée, l’auteur entraine son personnage principal, qui se trouve envouté par la légende hébraïque du Dibbouz, sur les lieux des pogroms et massacres des juifs au 20° siècle dans la Mittel Europa, et durant leur difficiles installations en Terre d’Israël. Sans aucun voyeurisme littéraire sur cette terrible période, l’auteur documente son récit de faits et descriptions qui deviendront de nouveaux témoignages précieux pour les nouvelles générations. Souhaitons à ce livre une belle destinée littéraire.
Au travers du récit picaresque de la vie de Aaron Tamerlan Munteanu, né le 28 mai 1884, l’auteur nous fait traverser l’histoire du 20eme siècle de l’Europe central, dévorée par l’antisémitisme et une rage exterminatrice. Une légende médiévale raconte qu’un guerrier à la stature de géant et à la crinière de feu viendra un jour libérer le peuple juif de son oppression millénaire. En yiddish, on le nomme der royte yidn. Aaron Tamerlan Munteanu sera ce dernier Juif rouge, qui doit son éternité à son crime. Cette éternité est un châtiment, une malédiction qu’un Dybbouk l’a condamné à endurer. Aaron Tamerlan Munteanu sillonnera alors la Mitteleuropa en quête de rencontres, de réponses et dans l’espoir d’enrayer la folie des hommes. Ce texte très puissant, oscillant entre réel et légende hallucinatoire, aborde, à la lumière de l’Histoire, le sujet tout aussi actuel qu’épineux de l’antisémitisme. Un roman qui n’élude cependant rien : « Puissions-nous ne jamais devenir oppresseurs nous-mêmes, puissions-nous ne jamais succomber à l’intolé-rance, aveu de nos peurs et de nos faiblesses. Parcourant les collines clairsemées de Judée et de Samarie, je sens jaillir de la terre un mal profond, couler entre les pierres les fautes de l’avenir. Deviendrons-nous un jour si aveugles que nous ne saurons les reconnaître quand elles s’affirmeront à notre regard ? Je refuse d’y penser alors, car seul le présent de notre devenir m’importe et m’est commandé, mais je ne peux ignorer mes craintes au sujet de cette terre où nous revenons après deux mille ans. Si son empreinte n’a jamais quitté notre mémoire et notre chair, elle semble, elle, avoir oublié notre souvenir et le passage de nos âmes sur son histoire. Ce sera notre tâche de nous rappeler à elle et de nous faire de nouveau aimer, et non de la soumettre à un amour forcé parce que nous en aurions gagné le droit ». Malgré l’âpreté du sujet, j’ai été happée tout au long de ce roman très bien écrit et passionnant !
On commence sa lecture intrigué par cette incipit digne du "Aujourd'hui maman est morte" de Camus. On continue en riant : j'ai rarement l'habitude de lire à haute voix des passages à mon conjoint mais là je n'ai pas résisté à l'envie de partager, immédiatement, la projection des juifs et des antisémites au temps des dinosaures. Et puis, le rire devient aigre, disparaît et laisse place à un silence. Ce silence fracassant, sans mot, que l'on ne peut pas dire de l'horreur des corps en train de mourir que regarde Aaron dans les chambres à gaz de Treblinka. Les lieux se transforment, tout devient effrayant. On est englouti dans des chiffres, dans des questionnements, dans un désespoir lumineux. Le roman nous confronte à la violence israélienne aujourd'hui dans sa guerre contre la Palestine. J'ai fini en recopiant des pans entiers pour illustrer des cours et j'en ai tiré un sujet de dissertation... C'est un roman à lire impérativement !