Quand on a fait, comme le dit Seyoum avec cynisme, « de l’espoir son fonds de commerce », qu’on est devenu un des plus gros passeurs de la côte libyenne, et qu’on a le cerveau dévoré par le khat et l’alcool, est-on encore capable d’humanité ?
C’est toute la question qui se pose lorsqu’arrive un énième convoi rempli de candidats désespérés à la traversée. Avec ce convoi particulier remonte soudain tout son passé : sa famille détruite par la dictature en Erythrée, l’embrigadement forcé dans le camp de Sawa, les scènes de torture, la fuite, l’emprisonnement, son amour perdu…
A travers les destins croisés de ces migrants et de leur bourreau, Stéphanie Coste dresse une grande fresque de l’histoire d’un continent meurtri. Son écriture d’une force inouïe, taillée à la serpe, dans un rythme haletant nous entraîne au plus profond de la folie des hommes.
J’aime quand j’ai besoin d’un temps de silence à la fin d’un roman. C’est le cas cette fois-ci. Le sujet est dur, actuel, effrayant pour des gens vivant dans un monde qui ne connaît pas une telle violence. L’écriture puissante, vive porte le lecteur d’un bout à l’autre du chemin. Merci
Un roman fort et sans aucune concession qui interroge sur la part d’humanité qui reste quand on a tout subi et tout perdu . A chacun de lire !
J’ai refermé ce livre avec le cœur lourd. Tout le monde s’émeut des vicissitudes des migrants, mais personne ne se penche vraiment sur les méfaits des passeurs, ces louches personnages qui s’enrichissent sur la peau des autres êtres humains. Voilà qui est fait, et ce roman ( ?) troublant de bout en bout, nous ouvre une fenêtre sur l’abîme de l’âme humaine. Ce que j’ai le plus apprécié de ce texte est le langage : cru, lucide, sans aucune concession à la compassion. Un livre admirablement écrit, à lire et faire lire.
Seyoum est l'un des plus gros passeurs de migrants de la côte libyenne vers Lampedusa. Il est Érythréen mais depuis plus de vingt ans il a quitté son pays où il avait été emprisonné et torturé par la dictature en 2005 . L'arrivée d'un énième convoi de réfugiés en provenance d'Érythrée lui fait revivre un passé qu'il avait cherché à oublier dans l'alcool, la drogue et le fric facile. Ce livre explore l'humanité, telle qu'elle est quand on a plus rien à perdre, quand le mot désespoir n'arrive pas même à décrire l'état d'âme des protagonistes . Migrants et passeurs, bourreaux et victimes sont dans la même situation, seul le point de vue est different. Ce livre ne laisse pas le lecteur indifférent. J'ai aimé qu'il ne se complaise pas dans la rhétorique qui renvoie la responsabilité sur l'Europe concernant la question des migrants ; en revanche , il réussit à nous faire réfléchir sur l’ humanité à travers des histoires personnelles . De plus, le style concis de l'auteur (130 pages) est une qualité remarquable quand, comme dans ce cas précis , les pages suffisent à peine pour tout dire et pour traiter les nombreuses questions qui nous viennent à l'esprit face à une situation devenue extrêmement délicate aujourd'hui, et explosive dans un avenir proche . À lire absolument.
Un roman court et efficace, l'assassinat d'un amour, la transformation d'un jeune homme en passeur sans aucune pitié. La fin sauve le lecteur, et son espoir peut-être ?
Si vous êtes en manque de nouvelles sur les horreurs que l’homme inflige à son prochain, voilà le livre pour vous ! Mais de cet extraordinaire roman vous apprendrez aussi un tas de choses pas seulement sur les passeurs, mais aussi sur le milieu qui permet et alimente ce phénomène. Je le conseille vivement.
On suit la trajectoire de Seyoum depuis son enfance en Erythrée, l’emprisonnement politique de ses parents, son amour pour Madiha, leur enfermement dans un camp et sa fuite sans sa bien-aimée après une trahison et enfin son accession au grade de plus gros passeur de la côte libyenne. Lui qui est devenu un être sans humanité, drogué et alcoolique va-t-il pouvoir se racheter lors d’un dernier passage ?
Seyoum, la trentaine est depuis dix ans passeur sur la côte libyenne. Il a perdu son humanité, les migrants ne sont qu’une marchandise, une cargaison très lucrative. Et pourtant lui aussi a subit beaucoup de violence et vécu bien des souffrances. Fils d’un journaliste, opposant au dictateur Érythréen, ses rêves d’avenir et d’amour broyés par la violence d’état, il a fuit le pays. Et pour survivre, il a effacé toute empathie, c’est la loi du plus fort qui prime mais même enfermé dans la drogue et la violence, il ne peut empêcher le passé de remonter. Il nous entraîne dans sa fuite en avant mais vers quel avenir ? Une évocation très puissante sur le drame des migrants africains.
Texte court qui dresse sans conession le portrait de Seyoum victime devenue bourreau. Il faut entendre cette voix, insupportable qui nous met face à une réalité complexe, extrêmement violente, à la recherche d'un reste d humanité. P.31 "t as subi et maintenant tu fais subir" A lire absoluement
Un livre court, précis, incisif sur l’histoire d’un passeur. Vous savez celui qui “aide les migrants” à arriver sur nos côtes. Il est érythéen, il avait l’idée d’une vie où se mêlait bonheur et amour. Mais, la violence subie dans son pays lui a fait choisir une vie de bourreau pour ne pas être du mauvais côté, pour survivre, et le fait plonger dns l’inhumanité. Enchaînements qui conduisent à l’enfer. Très beau livre. A lire. Note : 5
Sur une plage de Lybie, Seymoun, le passeur, parque comme du bétail tous ceux qui veulent fuir en mer vers la côte italienne . Peu importe que les bateaux soient plus ou moins pourris et que les naufrages soient nombreux , seul compte l’argent que ces pauvres gens lui apportent . L’auteure lui fait dire en première page « j’ai fait de l’espoir mon fonds de commerce » et nous suivons les quelques jours décisifs qui vont le faire basculer. Bourré d’alcool et de feuilles de Khat, s’imposant comme le plus influent du lieu, arrosant les garde-côtes et les banques , il a perdu toute humanité mais voilà que le dernier convoi venant d’Erythrée lui fait revivre son passé : la disparition de sa famille et de son Pays, l’amour d’enfance qu’il a perdue au sortir d’un camp forcé , camp où régnait la torture et l’horreur… tout ce qu’il voulait oublier en se conduisant sans âme mais qu’il retrouve ….ce qu’on ne peut dévoiler ! On ne peut quitter le destin de cet homme sans aller jusqu’à la fin ! le rythme galope à travers un style parfait , qui frappe au cœur, des mots qui blessent , à l’image de ce héros cabossé. Comme moi, on peut avoir eu peur du fond du sujet , mais l’art d’un écrivain est justement de capter le lecteur et ne pas le lâcher. A ce titre , Stéphanie Coste est un grand écrivain !