Melvil a grandi dans l’un des cent trente-huit pavillons de la cité-jardin Hildenbrandt, en périphérie de Mulhouse. À vingt-cinq ans, sa vie se résume à un modeste emploi en mairie, quelques soirées au bar ou au lac. Et à prendre soin du paternel acariâtre depuis que ses frères sont partis. Virgile, l’aîné, s’est engagé dans la Légion. Jonas, le cadet, a disparu depuis des mois. Au grand soulagement du voisinage. Car leur nom seul suffit à terroriser le quartier. Les Ischard : irresponsables, asociaux, récidivistes. Des teignes. Mais un jour de printemps, le téléphone sonne et, dans les rues aux noms de fleurs, la rumeur enfle. Un retour est annoncé. Pour le jeune Melvil, si admiratif de ses frères et pourtant si différent, l’heure est venue de choisir l’homme qu’il va devenir.
La maison d'édition :
Une ligne éditoriale sélective mais toujours généreuse. Des fictions et des récits qui disent beaucoup de nous et de notre époque. Les Avrils, une collection de littérature contemporaine portée par Sandrine Thévenet et Lola Nicolle au sein du Groupe Delcourt et au côté de tou·te·s ceux·elles qui font la vie du livre.
C'est vrai que la couverture du livre est un peu austère. C'est vrai qu'il faut un peu de temps pour s'approcher de cette famille de quatre hommes blessés par la vie et s'installer dans le livre. Et puis ces personnages, d'abord silhouettes, prennent corps par petites touches ; vous vous y attachez ; vous tremblez pour eux. Surtout pour Melvil, l'ange gardien de la famille. Vous faites aussi connaissance avec des personnages secondaires tout aussi écorchés et émouvants. Et vous voilà, vous aussi prisonniers de la cité-jardin. C'est un roman dense par les thèmes abordés (le poids du lieu de vie et du nom, la solitude et l'amitié, la violence et la tendresse.... ) et écrit, pour les parties récitatives, dans une belle langue classique, poétique, drôle, riche en métaphores, et, pour les dialogues, brute, crue, colorée de vocabulaire alsacien. Achtung ! Chef-d’œuvre !
Une fois n’est pas coutume, la « cité » dans laquelle évoluent les personnages de ce roman n’est pas en banlieue parisienne, et c’est déjà une louable nouveauté. En plus, tous les protagonistes ont un côté attachant, même le plus méchant, même le plus faible. Ils sont humains, c’est tout. Moi, j’ai apprécié Melvil, bien sûr – soutien et point de repère pour ses frères et son père - mais aussi Hippolyte, qui promène son handicap avec lucidité, sans perdre ses rêves pour autant. J’ai aimé ce roman violent et délicat en même temps, très bien écrit, qui baigne dans un sentiment de fatalité inéluctable.