Nina Gary a 18 ans ; alors qu’elle tente de devenir une femme, elle réalise que quelque chose cloche. Entre son père gambien qui marche comme un tam-tam, son grand-père à l’accent de Popek qui boit de la vodka, entre le trop d’amour de sa mère cachée pendant la guerre, le rejet de la fac et la violence de la rue, elle est perdue. Noire, juive, musulmane, blanche et animiste, elle en a gros sur le cœur d’être prise pour une autre, coincée dans des cases exotiques où elle ne se reconnaît pas. Alors, elle court. C’est la solution qu’elle a trouvée pour échapper aux injustices et fuir les a priori d’une société trop divisée pour sa construction intime. Elle fait le choix de la vitesse pour se prouver qu’elle a un corps bien à elle et se libérer de l’histoire de ses ancêtres, trop lourde pour ses épaules. Un mouvement permanent pour s’oublier, et tout oublier de la Shoah, de l’esclavage, de la colonisation et de la reine d’Angleterre. Courir pour se perdre, s’évader, se tromper, être trompée, se blesser, se relever peut-être. Ne plus croire en rien, seulement au chronomètre et en l’avenir des 12 secondes qui vont suivre. Sentir ses muscles, pour vivre enfin l’égalité – tous égaux devant un 100 mètres, à poil face au temps. Entre les grandes et les petites choses, c’est l’histoire de Nina Gary, une jeune fille qui court pour devenir enfin elle-même.
Un premier roman fort, authentique, et contemporain. Nina est en quête identitaire. L’écriture est belle. Simple mais avec des belles phrases, de beaux mots. Et comme dirait le papa de Nina, c’est important les mots. J’ai beaucoup aimé l’humour de Nina et ses fameux jeux de mots. Et j’ai aussi beaucoup aimé la relation que Nina entretien avec son grand-père maternel Yoram. Les personnages sont attachants. Nina en premier mais aussi les personnages qui gravitent autour d'elle.
roman personnel, un peu cliché parfois, présenté comme un témoignage sincère d'être à la fois une jeune fille noire avec des origines juives et musulmanes qui veut s'en sortir à travers le sport. Un peu "cliché" parfois et les jeux de mots sont simplets.
le livre est magnifique , c'est bien écrit ce qui rend vivant l'histoire. Il y a aucun moment ou on s’ennuie car Nina a beaucoup d'humour et elle a beaucoup de jeux de mots.
Nina a 18 ans. Elle commence des études supérieures de droit à la Faculté d'Assas de Paris. Alors qu'elle pense pouvoir s'émanciper dans ce nouvel univers, c'est toute sa condition métisse qui lui éclabousse à la figure, encore et encore. Petite, quand elle pratiquait la danse, on lui reprochait la rondeur de ses fesses. Alors, pourquoi ne pas se confronter à un chrono ? Nina court vite, très vite. L'athlétisme pourrait bien lui donner une chance de devenir quelqu'un... Dans ce 1er roman de Rachel KHAN, la parole est donnée à une certaine jeunesse de la société française d'aujourd'hui. Il y a bien sûr la découverte de l'amour, c'est l'âge comme l'on dit. Il y a aussi la découverte d'un monde d'adultes avec les études universitaires. Mais les jeunes comme Nina sont singuliers et doivent affronter des démons bien particuliers. Ils sont le fruit de 2 cultures et en portent la trace sur leur peau. "Ma mère m'a faite noire pour que je m'en sorte toujours, pour que ma cachette à moi, ce soit la couleur de ma peau. Mon père m'a faite blanche pour que je n'aie pas à prendre le bateau à fond de cale et que j'aie des papiers en règle." P. 20 Et comme si le faciès n'était pas suffisant, Nina est juive. Et là, c'est encore une autre histoire. "Je suis une fille issue de deux histoires qui sont dans les livres. Celle d'un peuple que l'on a voulu éradiquer et celle d'un autre peuple que l'on a voulu soumettre. J''aurais pu apprendre ces histoires chez moi, de manière intime, sans que j'aie à sortir du quartier, ni même de la rue de la Justice mais ils sont trop pudiques, dans cette maison." P. 19 Avec les études, les livres, Nina découvre l'Histoire, celle d'un peuple, celle de sa famille. Rachel KHAN met le doigt sur l'absence de transmission aux générations descendantes chez les immigrés, sur la difficulté qu'ont les enfants à accéder à l'histoire, au passé de leurs parents. On parle souvent de secret de famille, là il en est un qui concerne souvent des communautés toutes entières. Nina se pose aussi des questions sur les enjeux de ce passé sur sa propre existence à elle. "Et je me tais pour ne pas comparer nos héritages. Après tout, l'histoire de mes parents est elle encore la mienne ?" P. 111 Mais elle trace son chemin, cette jeune femme a des convictions, des valeurs, elle est attachée à son grand-père qui incarne le peuple juif, elle est attachée au savoir parce qu'elle sait très bien que son émancipation y sera liée. "Enfant, je ne comprenais pas que s'en sortir, ça voulait dire apprendre. Plus tard, je m'y suis mise. Je fais actuellement des études de droit. J'ouvre les livres et les dictionnaires. Plus j'apprends, plus les livres lisent en moi." P. 19 Et puis Nina entretient des relations d'amitié, elle se sent portée, accompagnée, et y puise sa force. "En fait, c'est ça les amis, ça vous fait avancer." P. 99 Avec le sport et plus particulièrement l'athlétisme, il s'agit de repousser les limites. La citation de Serge GAINSBOURG en tout début de roman en disait déjà long sur ce qui attendait le lecteur : Je connais mes limites. C'est pourquoi je vais au delà". La vitesse de Nina, ses performances, vont lui permettre d'être enfin reconnue pour ses qualités. "Dans les yeux de l'entraîneur, je retrouve la bienveillance de M. Chauvel quand il regarde Camille. Il me trouve intelligente l'entraîneur, je le vois. Pourtant j'ai pas dit grand chose." P. 33/34 Mais tout cela n'aurait pas été possible si Nina n'avait pas été portée par un sentiment de FIERTÉ, fierté d'être juive en mémoire de son grand-père déjà, mais fierté aussi d'appartenir au peuple noir : "Mes yeux s'arrêtent sur la collection "Présence africaine" qui réunit des textes de tous les écrivains noirs de l'après-guerre. Des textes qui clament la fierté d'une race, qui dressent le poing sans colère." P. 172 Ce 1er roman de Rachel KHAN est porteur d'espoir, il montre à quel point il faut y croire. Cette jeunesse, bien que freinée dans son élan par le poids de son passé, du passé plus précisément de la génération d'avant, peut trouver sa place dans la société, c'est tout ce que je retiendrais de ce livre. En parlant de livre justement, je crois que vous serez sensible(s) à cette citation : "Mais un livre, quel qu'il soit, c'est une consécration de l'existence. C'est être au monde, même après le pire." P. 172 Après des grandes et des petites, ce 1er roman de Rachel KHAN augure de bien belles choses.
Roman sur la quête d'identité, qui est abordée à travers différents sujets (formation d'une athlète, la découverte de l'amour, la famille cosmopolite, les épreuves plus ou moins graves...). La lecture est agréable et on devient proche de Nina. Je reste néanmoins dubitatif devant un épisode de la vie de Nina qui ne semble pas avoir eu de répercussion sur sa construction, alors qu'il est pour le moins décisif...