Matériau maman (2024)

HERMINA HIDALGO Paloma

Ce premier roman évoque l’histoire d’une enfant, Nieve, développant peu à peu des troubles psychotiques après la mort de sa mère. Il s’agit, tout à la fois, d’une fiction et d’un texte d’inspiration autobiographique : j’ai moi-même fait l’expérience de l’hôpital psychiatrique, de cette traversée difficile, empreinte de violence, dont il est malaisé de se remettre. S’il repose sur une base au- to-biographique, le texte a pour objectif de transcender, dans un but cathartique, le vécu par le biais d’une fiction très libre, et d’évoquer la découverte initiatique, par une enfant, du monde, de la langue, de l’écriture. Le tout fortement sous-tendu par la structure et l’imaginaire des contes de fées, où la mère est la reine, où les hommes sont des ogres, où Nieve est Blanche-Neige, où la mauvaise sœur est la mauvaise fée dont les sorts et les malédictions sont rompus par Svet, la bonne fée. La dernière phrase du roman, adressée à la mère, condense l’enjeu du texte : « Qu’avais-je à expier, Maman, sinon le crime de te survivre ? » Les dimensions sociale et politique sont esquissées dans le roman : Nieve est en effet d’origine argentine ; sa mère, au fil des souvenirs, évoque la dictature militaire qui a sévi dans son pays natal, et son expérience de l’exil en France, à la fin des années 1970. Nieve s’identifiera volontiers aux enfants perdus ou adoptés (les desaparecidos), vic- times de disparition forcée en Argentine. Ce texte est par ailleurs porteur d’interrogations politiques et sociales sur la psychia- trie occidentale : « Et je pense, humiliée de ma miction, que l’hôpital est moins le lieu du soin que de la régression. Que la violence détermine le monde psychiatrique, que la mé- thode consiste à mater le fou, l’aliénation, à obtenir par le mépris sa docilité, et qu’une sollicitude maternelle, par instants, est le baume de ces tactiques. » L’intérêt du roman réside dans son originalité, tant dans son sujet que dans sa forme hybride (mi roman d’inspiration autobiographique, mi conte de fées), qui devrait pou- voir intéresser un public avisé. Jeune poète et dramaturge,

 

A propos de l'auteur :

HERMINA HIDALGO Paloma :

Formée à l’École normale supérieure d’Ulm-Paris et à HEC, écrivaine et poète subversive, Paloma Hermina Hidalgo est notamment l’autrice de Cristina (Le Réalgar, 2020, réédition avec préface d’Alain Borer en 2023). Ce tout premier livre, « chef-d’œuvre de la poésie contemporaine » et Rien, le ciel peut-être (Sans escale, 2023, prix Méditerranée poésie 2024, préface de Dominique Sampiero,) sont tenus pour « deux œuvres d’un génie intempestif qui, sans l’ombre d’un doute, marquera la poésie française » (Marianne). Elle est par ailleurs dramaturge et autrice de Matériau Maman, « premier roman magistral » (ActuaLitté) en forme de conte de fées d’inspiration autobiographique, paru en février 2024 aux Éditions de Corlevour.

La maison d'édition :

Editions de Corlevour :

Les Editions de Corlevour et la revue Nunc ont été créées en 2002. Elles publient de la poésie, des romans, des essais, et des livres d’art. En 2011, elles ont repris le fonds français des Editions Laurence Teper.

4|5
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  • nadine
    31 août 2024

    Une écriture poétique incandescente pour dire l’amour fusionnel qui lie Nieve à sa mère. La mère, diagnostiquée bipolaire, soufflant le chaud et le froid, adulée même quand elle s’échappe dans les bras de ses multiples amants, ces hommes que Nieve appelle les ogres. Nieve qui, à l'âge de 11 ans, bascule dans un autre monde quand sa mère disparait dans un accident de voiture et qui connaîtra la violence de l’internement mais qui découvre aussi l’urgence et la force des mots pour raconter son histoire. Récit autobiographique et initiatique, qui puise abondamment dans l’imaginaire et le conte, cruauté et tendresse étroitement enchâssées, ce qui en fait sa singularité.

  • Isalit
    18 septembre 2024

    Difficile de classer ce texte étonnant qui, comme le dit son éditeur, relève à la fois de la poésie, de la fiction poétique et du récit autobiographique. Mâtiné de plus d’un témoignage pertinent sur les méthodes que la psychiatrie réserve aux enfants et adolescents et d’une appropriation séduisante de l’univers des contes où se côtoient bien sûr les reines, les fées et les ogres. Comment continuer à vivre lorsque l’on est une petite fille de 11 ans, souffre-douleur à l’école, très peu aimée par sa grande sœur, et que sa maman meurt brutalement ? L’écriture est sublime, le propos ne peut laisser indemne. Coup de poing…