«Pleine et douce», comme la peau de la petite Ève, qui a juste vu le jour et dont une galaxie de femmes s’apprête à célébrer la naissance. Dans à peine deux semaines, aura lieu la fête en blanc organisée pour sa venue au monde. Stéphanie, sa mère, cheffe de cuisine, a toujours désiré un enfant, jamais une vie à deux. Elle est partie en Espagne, pour une procréation médicalement assistée, alors impossible en France. Greg, l’ami fidèle, accepte de jouer le rôle du «père intime». Stéphanie, au grand dam de Nicole, sa mère, matriarche aigrie et conventionnelle, souhaite en effet élever sa fille au sein d’une famille choisie. Un chœur de voix féminines va saluer l’arrivée de l’enfant, à commencer par la sienne propre : dans un premier chapitre enlevé et plein d’humour, Camille Froidevaux-Metterie prête au nourrisson des pensées d’une réjouissante lucidité face à l’attendrissement général dont elle est l’objet. Ce sera ensuite le tour de Stéphanie, puis de son amie Corinne, célibataire endurcie qui elle, vit comme un abandon l’irruption d’un tiers dans la vie de sa vieille comparse. Car la naissance d’Ève conduit chacune de ces femmes à ré-
fléchir à son existence, à son corps et à sa sexualité : à Lucie, la sœur cadette de Stéphanie, avocate et mère de famille, apparaît l’absurdité de sa liaison fantasmée avec un collègue finalement pas si séduisant que cela ; Lola, sa fille, crée une controverse en évoquant la PMA d’Ève lors d’un cours sur la sexualité au collège ; Nicole, la matriarche à la beauté fanée, accepte très mal de n’être plus le centre d’intérêt…
Toutes, sœurs, mères, amies, nièces, dans des monologues à la première personne, composent une joyeuse polyphonie témoignant de leur quotidien bouleversé par l’heureux événement : combat féministe, combat intime – Kenza, une amie de Stéphanie, militante de la première heure doit mener bataille contre la «noisette» découverte récemment dans son sein –, préparatifs de la fête se bousculent, comme dans la vie. Toutes veulent assister à la fête,
même Colette, féministe «historique», vivant la sororité en autarcie dans une communauté à la campagne, et que
font sourire les excès de ses jeunes épigones. Si l’autrice dresse de ces femmes des portraits très nuancés – l’acariâtre Nicole apparaît sous un autre jour dans le discours de ses petites-filles –, elle construit également un roman dont les rebondissements nous bouleversent : rien ne se passera comme prévu, comme le pensent encore Stéphanie et la nounou d’Ève, Jamila, quand, la veille des réjouissances, elles s’activent pour le festin.
Tour à tour mordante et tendre, l’écriture de Camille Froidevaux-Metterie, dans sa liberté et sa souplesse, révèle un véritable tempérament d’écrivaine.
Un roman résolument et farouchement féminin et féministe. Un roman choral, 12 chapitres, 12 voix de femmes qui se font entendre en polyphonie, Toutes liées entre elles, par la venue au monde d’Eve , bébé pleine et douce, née du « fruit miraculeux de la rencontre fortuite de deux cellules offertes et d’un désir d’amour inouï ». Une écriture très moderne, qui aborde sans fard et crûment la puberté, les menstruations, la grossesse, le désir d’enfant, la parentalité, la pma, la sexualité, le désir, l’infidélité, la ménopause, la vieillesse... Un roman où la sororité fait sens. Pour mieux cerner ce livre, il faut rappeler que Camille Froidevaux Metterie est une philosophe chercheuse. Ses travaux portent sur les transformations de la condition féminine à l’époque contemporaine.
Récit choral davantage que roman choral : constellation de portraits de femmes autour d’un bébé de 6 mois prénommé Eve… L’écriture s’adapte au personnage qui prend la plume et c’est plutôt réussi. Tout est écrit à la première personne. Mais l’autrice, philosophe reconnue pour ses études sur les femmes et le corps des femmes en particulier n’évite pas les clichés et il y en a trop. Le récit devient maladroit et la constellation frise le catalogue : la PMA, le couple homo, l’anorexie, la mère mal aimante, le cancer du sein… et même la méningite. Je suis un peu déçue…il me manque un liant : le personnage d’Eve est insuffisant.
Déçue par cette lecture qui véhicule de nombreux poncifs autour du corps féminin, sans que je sois parvenue à m'attacher à aucune figure de ce chœur de femmes.
Forme originale, écriture sobre et efficace, ce récit nous attrape et nous retient jusqu’au bout du fil. Un très beau moment littéraire même s’il apparaît quelquefois un peu comme un « catalogue » de notre époque (sans doute par la profession de l’auteur).
Histoire qui a du mal à décoller. On reste sur des notions assez typées et déjà exploitées autour de la féminité.
La naissance de la petite Eve amène toutes les femmes qui gravitent autour d'elle à faire le bilan de leur vie sexuelle. L'auteur fait parler chacune d'elles à tour de rôle en partant du bébé pour finir avec la grand-mère. La lecture du texte très superficiel ne m'a procuré aucune émotion
La structure par une histoire à 12 voix est intéressante. Le style est direct, des fois cru, Livre résolument féminin, un peu trop féministe.