Pierre passe la journée en garde à vue après que sa toute jeune femme a porté plainte contre lui pour violences conjugales. Pierre a frappé, lui aussi, comme il a été frappé, enfant. Pierre n’a donc pas échappé à sa « bonne éducation » : élevé à Versailles, il est le fils aîné d’une famille nombreuse où la certitude d’être au-dessus des autres et toujours dans son bon droit autorise toutes les violences, physiques comme symboliques. Pierre avait pourtant essayé, lui qu’on jugeait trop sensible, trop velléitaire, si peu « famille », de résister aux mots d’ordre et aux coups.
Comment en est-il arrivé là ? C’est en replongeant dans son enfance et son adolescence qu’il va tenter de comprendre ce qui s’est joué, intimement et socialement, dans cette famille de « privilégiés ».
Dans ce premier roman à vif, Nicolas Rodier met en scène la famille comme un jeu de construction dont il faut détourner les règles pour sortir gagnant.
intéressant
Le roman démarre avec l'épilogue suivant : Pierre, 33 ans, condamné pour violences conjugales. Le narrateur , l' aîné de six frères , revisite son enfance et son adolescence afin d'expliquer les conséquences à l 'âge adulte de la violence familiale et où elle peut conduire . Le recit est concis, l' ecriture est sèche et simple et on lit ce roman un peu comme on regarde des bouts de vidéos en famille . Le sujet omniprésent qui fait le lien entre les différents épisodes apparemment décousus est (principalement ) celui de la maltraitance morale et physique . j'ai aimé ce roman et je trouve que l'auteur, même s'il a choisi comme contexte social une famille de la haute bourgeoisie dans laquelle certaines valeurs jouent un rôle évident dans cette histoire, a réussi cependant à saisir certaines dynamiques au caractère universel et qui pourraient se développer dans n'importe quel milieu
Une écriture sèche à l'efficacité garantie. Les faits dans leur chronologie et leur accumulation. Une montée progressive vers l'aboutissement connu et attendu. Mais le flash-back tourne un peu trop à la simple remémoration de souvenirs et n'ouvre pas assez à la déconstruction psychologique qu'ils ont entraîné. La progression dramatique souffre un peu de cette légèreté là où on s'attendait à davantage de profondeur et de complexité.
Succession de coups de projecteur sur l'enfance, la jeunesse et le mariage de Pierre, qui éclairent peu à peu le drame annoncé dès l'introduction. On a ainsi la genèse des séquelles laissées par cette famille bourgeoise à l'éducation violente dans le respect des principes de sa classe sociale. Ecriture factuelle, sans fioriture, qui sert bien le propos mais ne crée aucune empathie avec les personnages. Quant au titre, il est carrément racoleur et sans véritable justification par rapport au propos du livre.
Un roman incisif sur l’éducation parentale dans le milieu bourgeois catholique de l’ouest parisien où les sévices corporels et mentaux sont de rigueur pour le bien de l’enfant ; Vie familiale ancrée dans la tradition du parfait à tout prix, dans l’entre soi où tout se sait, où tout est tût, où le libre choix de tout ordre est banni ; castre sans passerelle ni ouverture qui débouche sur frustrations, excès, refoulements et traumatismes psychologiques, violences affichées ou ré-freinées. Une écriture distanciée, sans jugement où les faits sont simplement relatés sans état d’âme, fluide, non agressive et sans lourdeur assortie de phrases et chapitres courts qui donnent une certaine dynamique évitant le pathétique plombant le récit malgré le sujet.