Poignard en poche, un homme déambule dans Lisbonne. Il part en quête de son passé et de lui-même, jusqu’à découvrir ce que sa mémoire avait enfoui de plus terrible. Un premier roman admirable de maîtrise. Alors qu’il pense être venu à Lisbonne pour retrouver une femme rencontrée la veille dans un bar parisien, le héros de Sur la plage s’interroge, au fur et à mesure de sa déambulation : que cherche-t-il vraiment dans cette ville ? La mécanique des strates du souvenir se met alors en place, entraînant le personnage dans une tout autre déambulation. Lui reviennent des moments clés de son enfance, plus ou moins enfouis. L’été de ses 6 ans et les vacances sur la plage portugaise ; puis le départ du père, laissant femme et enfants à Paris et revenant à Lisbonne, sa ville natale ; ce père que son fils découvre écrivain célèbre alors que lui-même vient de se voir refuser un manuscrit par un éditeur. Pourtant, au moment où le héros pense être parvenu au plus profond de sa mémoire et où il pourrait « tuer le père », une autre coquille de temps s’ouvre et un terrible drame qu’il a vécu ici, sur la plage lisboète, refait surface.
C’est ce morceau de puzzle qui va lui permettre de retrouver du sens, de relier enfin son passé à son présent et de se tourner vers l’avenir.
Pensant suivre en allant t à Lisbonne les traces d’une inconnue rencontrée dans un bar, le narrateur est happé sur la plage par une impression de déjà vu. A l'âge de 6 ans, Il a passé ici des vacances en compagnie de ses parents avant que son père ne disparaisse. Peu de souvenirs, au point de ne plus savoir distinguer la réalité de l’inventé, la vérité du fantasme. Mais il sait que sa vie a basculé à ce moment-là et qu’il va lui falloir creuser et fouiller sa mémoire. Par un habile jeu de miroirs, ce sont les objets qui, entrant en résonance, vont le guider dans ce labyrinthe et le conduire progressivement vers la lumière. On suit l'errance de ce personnage comme on déchiffrerait un rébus, dans les fulgurances et les chausse-trapes de sa mémoire, pris dans un tourbillon d'émotions et de sensations. Superbe construction spiralaire pour ce roman de 137 pages (et non 300 !) servi par une écriture sensible.
Manière originale et délicate de traiter un sujet rebattu, Sorte de thriller qui nous entraîne à la suite du narrateur dans une quête introspective, parfois noyée dans les mots, sans doute pour nous faire ressentir le désarroi du héros. Je vais sûrement relire le roman pour l’apprécier plus encore.
Belle écriture et belle construction spiralaire. Le lecteur avance dans l'histoire comme dans un rébus par un jeu habile de correspondances