Un matin d’automne nuageux, une femme dépose son bébé, paisiblement endormi et bien emmitouflé dans un anorak, au bord de la mer.Je ne sais pas si j’aurais pu l’aimer autant qu’il l’aurait souhaité. Probablement pas, tant il réclamait d’attention : dès que je le quittais des yeux, il se mettait à pleurer et il me fallait accourir immédiatement. Venir dans l’instant. Le rassurer. Il se calmait alors, et le sourire qui gagnait son visage me consolait de toutes ces souffrances. J’étais ensorcelée. Oui. Ensorcelée.C’était lui ou moi.Un matin d’automne nuageux, une femme dépose son bébé, paisiblement endormi et bien emmitouflé dans un anorak, au bord de la mer. Elle quitte la plage sans se retourner sur l’enfant qui sera emporté par la marée.Au cours d’un interrogatoire, la mère raconte cette journée singulière : le voyage en train, ses promenades sur la plage avec son fils, sa tendresse pour lui, les regards des autres, l’hôtel, les rires des noctambules dans les rues de la petite ville et, dans une saisissante mise à distance de ses émotions, l’abandon. Ce récit troublant, vertigineux, où une logique insaisissable se mêle à un amour extrême dans les brumes épaisses de la déraison, interroge les ressorts de l’amour, du crime et du pardon.